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"Golem" d'Amos Gitaï : une création troublante

  • Photo du rédacteur: Manon François
    Manon François
  • 20 mars
  • 2 min de lecture

Après avoir créé House en 2023, Amos Gitaï présente Golem au théâtre La Colline. C’est un véritable voyage sensoriel qui nous est proposé, un mélange d’histoires et de témoignages qui se déploie, porté par une troupe de comédiens, de musiciens et de chanteurs cosmopolite. Une pièce qui s’inscrit dans les incontournables de la saison théâtrale 2024/2025.


Crédits : Simon Gosselin
Crédits : Simon Gosselin

 

Amos Gitaï s’empare une nouvelle fois du mythe du Golem et nous délivre un texte et une mise en scène absolument déconcertants. Figure légendaire issue de textes kabbalistiques, cette créature faite d’argile aurait été créée dans le but de protéger la communauté juive en réaction aux persécutions. Le metteur en scène s’inspire de divers textes, comme celui d’Isaac Bashevis Singer ou de Joseph Roth, ainsi que du parcours des comédiens et les entrelace avec ce mythe afin de questionner les problématiques contemporaines que connaît le Moyen-Orient. Le Golem est un sauveur, formé à partir de l'argile d'une montagne, "une métaphore" déclame Micha Lescot.


"Comme pour Darwish, Mandelstam ou Sczymborska, pour Jorge Semprun, Albert Camus, la littérature, le théâtre ou l'art sont des lieux de résistance" Amos Gitaï

Les lumières s'abaissent et plusieurs archives documentaires ainsi que des extraits des films de Gitaï content l'histoire de la persécution de la communauté juive. Les dix comédiens se tiennent contre un immense mur, tel un écran humain, où se reflètent les projections vidéos. Soudainement, une myriade de vêtements provenant du plafond s'effondre sur le plateau ; tout au long de la pièce, les comédiens les revêtiront au fur et à mesure, précautionneux et élégants.


Irène Jacob, Micha Lescot, Menashe Noy, Bahira Ablassi, Minas Qarawany, Laurent Naouri offrent une performance déchirante, particulièrement intense et se révèlent tous remarquables. L’histoire du Golem est accompagnée par des scènes tantôt douces et légères, tantôt des récits de tortures durant lesquels les comédiens, enduits d’argile, se transforment en créatures difformes et martyrisées. Le jeu est également ponctué de chants et de compositions musicales créées spécialement pour la pièce. Il serait aisé de confondre cette pièce avec un ballet. La mise en scène de Gitaï se révèle déchirante, établissant un lien entre les progroms de Prague du XVIème siècle et les massacres du 07 octobre 2023 en Israël. Golem se présente comme un manifeste anti-raciste, créant des ponts entre le passé et un présent tous deux particulièrement douloureux pour les peuples du Moyen-Orient.


À la fin de la pièce, chaque interprète livre une partie de sa propre histoire, son rapport à son judaïsme ou à sa "différence". Une finalité poignante et inéluctable. Golem crée un édifice où se mêlent des fragments d'histoires mais surtout un édifice refusant la haine de l'Autre. Résister ! Toujours !


Golem d'Amos Gitaï, jusqu'au 3 avril au théâtre La Colline.

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